DGSI 2

1983 : OPÉRATION C

La direction décide de recruter un nouvel agent pour s’approcher au plus près de la cible. La recrue est sélectionnée sur dossier courant 1983. Sortie première de sa promotion à Saint-Cyr en 1979 (Photo 12), spécialiste du combat rapproché et experte des techniques de persuasion féminine, l’agent C semble posséder toutes les compétences requises.

L’agent P critique ce choix sous prétexte que l’agent C serait trop inexpérimentée mais cette dernière convainc ses supérieurs lors d’un ultime test, elle laisse en effet au tapis quatre autres agents (Photo 13) au terme d’un combat à mains nues. L’opération C est officiellement lancée.

Décembre 1983. Contact entre la cible et l’agent C, sous « légende », au magasin Benetton de la rue du Commerce à Paris (sur l’itinéraire habituel du suspect). La rencontre se fait « par hasard » et l’agent C parvient à se faire inviter au restaurant. L’agent P en est à présent convaincu : la recrue est capable d’arrêter la cible. La direction mise beaucoup sur cette opération. Durant plusieurs jours, l’agent C ne donne plus aucune nouvelle.

Janvier 1984. L’agent C reprend contact et fournit au bureau une série d’informations précieuses sur la cible. Cela permet à nos services de suivre la cible en Californie (USA). La cible y rencontre un prétendu ingénieur et un prétendu entrepreneur (Photo 14) pour les aider à perfectionner une sorte de Minitel amélioré. Cela ne trompe personne et, pour l’agent P, il s’agit d’un prétexte pour des rencontres sortant du cadre diplomatique. L’agent P note que les informations de l’agent C sont fiables mais qu’aucune ne met réellement la cible en péril. L’agent P soupçonne l’agent C de collaborer avec la cible et de couvrir ses opérations.

Observations de l’agent P : Malgré les rapports qu’elle continue d’envoyer régulièrement encore à ce jour, il est quasiment certain que l’agent C se soit faite retourner.


1986 : PROJET A

Avril 1986. Grâce à de nouvelles informations de l’agent C, nos services savent que la cible se déplace derrière le rideau de fer. La cible aurait été appelée en urgence par le KGB et envoyé au milieu de la campagne ukrainienne pour intervenir sur un problème technique dans une centrale soviétique (Photo 15).

De retour en France, la cible est choisie par le Président de la République pour superviser la communication autour de l’événement « Tchernobyl ». Il s’attire les bonnes grâce de la Direction en parvenant à faire croire à l’ensemble de la population que le nuage radioactif s’est arrêté à la frontière. C’est une victoire pour la DGSI mais l’agent P ne relâche pas sa surveillance pour autant.

Juin 1986. Après l’entrée de l’agent C dans une maternité du 13ème arrondissement parisien, l’agent P est définitivement persuadé qu’elle ne travaille plus pour la DGSI. L’heureux événement (« Projet A ») est hautement improbable car, selon notre source au cabinet gynécologique du docteur Gainsbourg, l’agent C portait un stérilet au moment de la prétendue conception. L’agent P recommande des analyses sanguines de l’enfant (Photo 16) et des prélèvements de semence de la cible pour vérifier si cette dernière est bien le géniteur. Cela pourrait servir plus tard comme d’un levier contre la cible.

1989. Berlin-Est (RDA). La cible est à nouveau appelée derrière le rideau de fer. Cette fois-ci, elle se serait infiltrée dans les rangs de la STASI (Photo 17). La suite des événements n’est pas claire : l’agent P ne parvient pas à savoir si la cible est venue pour aider les renseignements soviétiques ou empêcher leur intervention. De quel côté du Mur est-elle ? Vu sa fuite précipitée (via un ancien tunnel), il semblerait que la cible ait trahi une nouvelle fois ses employeurs. La liste de ses ennemis s’allonge.


1993 : PROJET H

1993. Hollywood (Los Angeles). La cible est engagée par la Paramount pour sauver le studio proche de la faillite. Elle agit à différents niveaux sur les productions complexes. Certainement inspiré par ses compétences de faussaire, elle suggère lors d’un tournage de trafiquer des images historiques pour y glisser le personnage principal (Photo 18). C’est un succès au box-office, le film « Forrest Gump » remporte 5 Oscars et, selon l’agent P, ce sont aussi les premières « Fake News » de l’histoire.

1993, toujours. Juillet. L’agent C retourne à la maternité. Les prélèvements de semence sur la cible ont laissé les scientifiques perplexes depuis plusieurs années : en effet, ses gamètes possèdent une puissance hors du commun, elles parviennent à survivre en zone hyper acide pendant deux fois plus de temps que la normale et il n’est donc pas surprenant qu’un simple stérilet n’ait pu les arrêter. C’est ainsi que naît son deuxième fils (Photo 19). L’obstétricien décrira dans son rapport un accouchement pour le moins inhabituel : « le nouveau-né s’est extrait de lui-même de l’utérus », rapport qui le fera radier de la profession.

1995. Milieu de l’Océan Pacifique. Pendant une session de plongée sous-marine, la cible est défiée par un réalisateur canadien : ce dernier lui parie qu’il pourra aller plus profond que lui. La cible pulvérise alors le record du monde de plongée avec bouteille (366m de profondeur – record non officiel). C’est en remontant et pour consoler le réalisateur que la cible lui aurait proposé de financer son prochain projet (Photo 20), mais, si et seulement si, il réalisait un film inspiré de sa passion pour les fonds marins. Le réalisateur accepta l’idée, mais, si et seulement si, la cible acceptait d’y jouer le premier rôle, ce qu’elle accepta. Les multiples obligations de la cible l’empêcheront d’honorer sa promesse et le rôle principal (écrit initialement pour la cible) sera dévolu à un acteur hollywoodien de second plan.


1995 : L’ÂGE D’OR

À partir de 1995, la cible varie ses activités et s’investit dans différents secteurs du divertissement et de l’entreprenariat. Ses contacts politiques lui ouvrent toutes les portes et on se bouscule pour s’offrir ses services. Il est par exemple invité à Prétoria par un ambitieux entrepreneur Sud-Africain qui ne lance aucun projet sans son aval (Photo 21).

En 1998, de retour dans son pays natal, il supervise et enseigne les rudiments de la stratégie à Aimé Jacquet, l’entraîneur de l’équipe de France de football. Cela se solde par une victoire surprise en finale de Coupe du Monde contre la meilleure équipe du moment, 3 à 0 (Photo 22) et par de nouvelles félicitations de la Présidence de la République.

Parmi les événements notoires de la fin de la décennie, l’agent P note aussi la rencontre de la cible avec un entrepreneur américain (Photo 23) à qui la cible conseille de changer de stratégie s’il veut que sa petite entreprise évolue. Il lui conseille notamment de partir à la conquête de ce nouvel espace mystérieux : l’internet.

Pendant ces dernières années, l’influence de la cible est telle qu’il ne lui est plus nécessaire d’agir sous une autre identité. S’il est plus facile pour l’agent P de la suivre, ce n’est pas pour autant aisé de saisir ses ambitions. Selon l’agent P, sous ses dehors inoffensifs, la cible continuerait à pratiquer des activités illicites à travers le monde.  

Observations de l’agent P : Nous continuons d’accumuler les preuves en attendant que la cible fasse une erreur. On finira par l’avoir.


2001 – REVERS

Après le faste des années 1990, le 11 septembre 2001 frappe la cible comme la foudre. Elle vit comme un échec personnel de n’avoir pas su prévoir les avions de Ben Laden. Dès la semaine suivante, appelée à la rescousse par son ami le Président Georges W. Bush Jr, la cible arrive à New-York pour aider à organiser la reconstruction du site (Photo 24). 

Selon les rapports de l’agent P, les années suivantes sont marquées par une série de drames. En 2004, alors que la cible travaille à un projet numérique avec un jeune diplômé d’Harvard (Photo 25) dont l’objectif est a priori philanthropique – volonté de mieux connecter les gens et de multiplier leur capacité à s’informer -, son collaborateur disparaît avec leur idée commune. Il partira développer un autre programme en secret, à partir du même algorithme, mais dans un but purement lucratif.

Alors qu’elle se prépare à contre-attaquer devant la justice, la cible apprend le 2 avril 2005 que son ami intime le Pape Jean-Paul II est tombé dans le coma. Le décès du Pape affectera profondément la cible et, après ses funérailles (Photo 26), elle semble mettre en berne toutes ses activités.

Peu de temps après, l’agent P suit la cible en France jusque dans la Drôme (26) où elle décide d’acheter un petit domaine près d’un village provençal nommé « Dieulefit » (certainement en hommage à son ami Jean Paul II). L’agent P fait une demande pour des relevés satellites de la zone autour de la résidence acquise par la cible. La demande est acceptée (Photo 27).


2007 : RETOUR EN GRÂCE

2007. Appelé en urgence à la bourse de New-York après l’effondrement du système bancaire, la cible improvise un filet de sécurité juridique pour les banques qui permet à une majorité d’entre elles de survivre à la crise des subprimes (Photo 28). Ainsi, la cible parvient à sauver in extremis le monde occidental.

L’agent P trouve étonnant que la cible ait choisi d’investir dans l’immobilier juste avant la crise de 2008. Simple coïncidence ? Elle s’est aussi fait construire un abri-bois au-dessus de son terrain et l’instinct de l’agent P lui dit qu’il s’y passe des chose louches (Photo 29). Il demande l’autorisation et le budget pour y installer un système de surveillance complet (microphones, caméras, détecteur de présence…). « Ce n’est qu’un p…..n d’abri-bois, agent P, redescendez un peu ! », aurait répondu sa hiérarchie.

2008. La cible rencontre un jeune sénateur américain et décide d’appuyer son élection comme représentant du parti Démocrate (Photo 30). Bien que son choix laisse sceptique l’agent P – les États-Unis d’Amérique ne semblent pas prêts à élire un Président de couleur, encore moins avec un nom aussi bizarre – la cible continue semble-t-il à exercer son influence sur les affaires du monde.

Recommandations de l’agent P :

– Installation d’un système d’écoutes dernier cri.

– Tenter un partenariat avec l’agent dormant Alex Reid (section écossaise du MI6 anglais) de Dieulefit, pour une surveillance rapprochée.

– Créer un pôle « Défense et Sécurité » près du village de Dieulefit, Drôme (26).


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